L'utérus de la vache

Fonctions de l'utérus:

  • transport et sélection des spermatozoïdes
  • nidation de l'embryon
  • développement et approvisionnement du fœtus
  • expulsion du veau au vêlage
  • sécrétion d'hormones (prostaglandines)

L’anatomie de l’utérus

L’utérus de la vache se compose de trois parties.

L’utérus entier

L’utérus entier non gravide tient dans une seule main. Le veau à naître, les membranes et le liquide amniotique trouvent la place dans l’utérus, celui-ci étant très élastique.

Le corps de l’utérus

Lors de l’IA, la semence est déposée dans cette cavité devant le col interne de l’utérus. Il se prolonge ensuite en deux cornes utérines.

Deux cornes utérines

Les cornes utérines sont enroulées comme des «cornes de bélier». Non gravides, elles ont un diamètre de 2 à 5 cm, en fonction de l’âge de l’animal. À l’extrémité se trouve l’ouverture de l’oviducte.

La muqueuse utérine – les fonctions de l’endomètre

L’utérus est un «organe creux». La coupe transversale ressemble à un tube ou à un tuyau. L’intérieur n’est toutefois pas lisse; il est tapissé d’une muqueuse glanduleuse et dotée de replis (endomètre). Les sécrétions des glandes de la muqueuse varient en fonction des hormones ovariennes qui agissent sur la muqueuse utérine.

Pendant les chaleurs

Sous l’influence des œstrogènes, les glandes de la muqueuse produisent les glaires des chaleurs, claires et filantes.

Transport des spermatozoïdes

Les glaires des chaleurs sont le moyen de transport des spermatozoïdes dans l’utérus. Une consistance filante des glaires lors de l’insémination est optimale pour le transport des spermatozoïdes: ils y adhèrent et sont transportés passivement.

Sélection des spermatozoïdes

Les glaires des chaleurs contiennent des cellules du système immunitaire. Celles-ci «phagozytent» les spermatozoïdes endommagés. Ainsi, ils ne risquent pas de féconder l’ovule. Seuls les meilleurs peuvent atteindre le but!

Désinfection

La composition chimique des glaires des chaleurs a un effet désinfectant. L’absence de germes est déterminante pour la capacité de fécondation des spermatozoïdes.

Purification

L’effet de purification des chaleurs sur la cavité utérine joue également un rôle important sur l’involution de l’utérus après le vêlage. C’est pourquoi le cycle de la vache devrait redémarrer peu de temps après le vêlage.

Au début de la gestation

Sous l’influence de la progestérone, les glandes de la muqueuse produisent un mucus nutritif riche en graisse et en protéine: le «lait utérin» qui nourrit l’embryon à un stade précoce.

Progestérone

Le corps jaune sur l’ovaire produit de la progestérone: plus il y en a, meilleur est le lait utérin et plus le développement de l’embryon est rapide. Le 16e jour après la fécondation, il y a des différences mesurables.

Mucus nutritif

L’embryon n’a que le lait utérin comme source de nourriture. Ce liquide contient des éléments nutritifs, des minéraux et divers messagers chimiques, tous très importants pour le développement de l’embryon. Sa composition change quotidiennement, en fonction de l’évolution des besoins.

Un métabolisme stable

Seules les vaches nourries de manière optimale peuvent approvisionner correctement leurs embryons. Il existe ainsi une corrélation entre le taux d’urée dans le lait de la vache, le milieu utérin et la composition du mucus nutritif. 

Des muqueuses saines

Une muqueuse utérine malade ne peut pas produire un mucus nutritif. Même en cas d’endométrite sub-clinique (sans écoulement visible) qui ne peut être détectée que par échographie, l’embryon n’a aucune chance de survie.

Le 16e jour de gestation

Si l’embryon atteint le 16e jour de gestation, il produit de l’interféron t – le signe pour la vache qu’elle est devenue portante. La muqueuse utérine doit toutefois interpréter correctement ce signal, sinon la vache revient en chaleurs.

Prise de contact

L’embryon, d’une taille encore microscopique, se tapit dans les replis de la muqueuse. Ces replis entourent l’embryon et établissent un contact étroit avec lui et avec sa future membrane (trophoblaste). L’embryon continue de grandir en étant bien protégé.

Communication

Seule une muqueuse utérine saine peut «comprendre» le signal émis par l’embryon. A l’inverse, les cellules inflammatoires empêchent toute communication entre l’embryon et l’utérus.

Prostaglandine

L’interféron empêche la muqueuse utérine de produire de la prostaglandine  et maintient l’activité du corps jaune. Sans interféron, la prostaglandine désactive le corps jaune et le cycle suivant démarre. 

Redémarrage du cycle

Si l’embryon est faible, il ne pourra produire que peu ou pas d’interféron le 16e jour. L’utérus réagit immédiatement en produisant de la prostaglandine. La vache reviendra en chaleurs env. cinq jours plus tard.

Pour en savoir plus sur les interactions entre l’embryon et la muqueuse utérine avant, pendant et après le 16e jour de gestation, consultez l’article Conseil (TORO 09/2015) intitulé «Un veau ou pas de veau».

La formation du placenta

Au 28e jour de gestation débute la formation du placenta par lequel le fœtus est relié à la circulation sanguine de la mère. Ce processus est complexe et nécessite une communication étroite entre la mère et le veau. 

Contact dans les placentomes

L’échange de substances se fait dès maintenant via les surfaces de contact entre les enveloppes fœtales (cotylédons fœtaux) et la muqueuse utérine (caroncules).

Nutriments contre CO2

Le veau est approvisionné en oxygène et en nutriments par la mère et élimine le CO2 et d’autres déchets.

Forte imbrication

La structure des surfaces de contact entre cotylédons fœtaux et caroncules s’imbriquent comme les deux côtés d’une fermeture à glissière. Cela conduit à un ancrage très fort et à une plus grande surface de contact.

Grande surface

Si l’on «dépliait» les villosités de tous les placentomes, on obtiendrait une surface d’environ 130 m².

Notre recommandation

La représentation scientifique de la formation du placenta bovin peut-être vue sur le site Internet d’embryologie vétérinaire de la Faculté Vetsuisse de Berne.

La préparation au vêlage

Après le vêlage

Même si la délivrance s’est faite sans problèmes, les cicatrices des cotylédons fœtaux persistent durant un certain temps sur la muqueuse utérine. C’est seulement lorsqu’elles se sont complètement résorbées et que la muqueuse est régénérée que la vache peut à nouveau devenir portante. A ce stade, l’organe est généralement encore un peu plus grand que la normale et ne peut pas encore être «tenu dans la main».

La musculature utérine

La paroi utérine se compose d’une musculature multicouche puissante (myomètre).

Durant les chaleurs

Durant les chaleurs, la musculature se contracte. L’organe devient ferme. On dit: «le tonus musculaire est élevé» ou «l’utérus est contracté». La contraction de la musculature est un bon indice de l’intensité des chaleurs.

Transport des spermatozoïdes

Les contractions musculaires pendant les chaleurs poussent vers l’oviducte les spermatozoïdes qui baignent dans les glaires des chaleurs. Ce processus est si efficace que les premiers spermatozoïdes y parviennent en l’espace de quelques minutes.

Eviter le stress

L’adrénaline, l’hormone du stress, inhibe les contractions musculaires. Il faut donc à tout prix éviter le stress pendant l’insémination.

Forte irrigation

L’activité musculaire accrue pendant les chaleurs nécessite une bonne irrigation sanguine. Tous les organes sexuels sont donc plus fortement irrigués et la muqueuse vaginale devient ainsi nettement plus rouge.

Saignements

La forte irrigation de l’utérus provoque la déchirure de certains vaisseaux capillaires. C’est pourquoi nombre de vaches saignent environ 1 à 2 jours après les chaleurs.

Pendant le vêlage

Pendant le vêlage, les puissants muscles utérins ont à nouveau un rôle important à jouer: ils doivent être pleinement fonctionnels pour pouvoir expulser le veau, le liquide amniotique et les arrière-faix grâce à de fortes contractions. 

Contractions

Grâce aux contractions, la musculature utérine pousse le veau petit à petit vers l’extérieur. Pendant les contractions, les muscles abdominaux fournissent un soutien supplémentaire.

Calcium et énergie

Les muscles utérins ont besoin de beaucoup d’énergie et de grandes quantités de calcium et de magnésium pour réaliser cet exploit. Des contractions faibles sont les premiers signes d’une carence et d’un début de fièvre du lait.

Contractions expulsives

Les arrière-faix sont expulsés hors de l’utérus grâce aux contractions expulsives. Un utérus sain se contracte fortement et réduit ainsi son volume. Sa surface devient ondulée.

Purge

Dans les jours qui suivent le vêlage, la musculature continue de se contracter. La vache présente un écoulement brun-rouge: les restes de sang du cordon ombilical, de liquide amniotique et de lambeaux d’arrière-faix.

Notre recommandation

Il est possible de voir sur le site Internet d’embryologie vétérinaire de la Faculté Vetsuisse comment les contractions de la musculature utérine (myometrium) sont déclenchées par les hormones (en allemand).  

La taille de l’utérus

La taille et la position de l’utérus en disent long sur la santé gynécologique de la vache, l’état de la gestation ou l’involution de l’utérus après le vêlage.  

En médecine vétérinaire, les descriptions ci-dessous en ce qui concerne la taille ont fait leurs preuves:

«L’utérus tient dans la main»

L’organe est librement mobile dans la cavité pelvienne et tient dans une main. Après un bonne involution, l’utérus a à peu près la taille d’un ballon de handball. Il est probable que la vache n’a pas encore eu beaucoup de veaux.

«L’utérus tient dans la cavité pelvienne»

L’organe ne tient plus dans la main, mais on peut l’entourer avec le bras. Il reste dans la cavité pelvienne. Chez les vaches plus âgées, l’utérus reste grand malgré une bonne involution. L’utérus gravide tient dans le bassin jusqu’à la 10e semaine environ.

«Ne tient plus dans la cavité pelvienne»

L’organe atteint la cavité abdominale et pend au-dessus du bassin osseux. Il n’est plus possible de l’entourer avec le bras. Soit la vache est portante depuis un certain temps, soit son utérus est malade (il contient p. ex. beaucoup de pus).

Appareil suspenseur

Quelle que soit sa taille, l’utérus «flotte librement», en étant fixé à l’os du bassin uniquement par deux ligaments (ligamentum latum uteri et mesometrium). Des vaisseaux sanguins parcourent ces ligaments, via lesquels l’utérus et – en cas de gestation – le fœtus sont approvisionnés.

En fin de gestation

Au cours de la gestation, l’appareil suspenseur de l’utérus est fortement étiré, mais il doit néanmoins supporter un poids total d’environ 80 kg peu de temps avant le vêlage. Une panse bien remplie, laquelle se trouve du côté gauche de l’utérus, sert de plus en plus de «stabilisateur latéral» à l’énorme organe. Si cette stabilisation fait défaut, par exemple à cause d’une mauvaise ingestion de fourrage en fin de gestation, le risque de torsion utérine augmente.